L’histoire du grand orgue de l’église Saint-Germain de La Châtre repose sur une anecdote. En 1965, le chanoine Raflin, curé de la ville qui possédait une bonne oreille musicale fut choqué d’entendre des sons émis par son orgue. Il décida donc de remplacer cet instrument de qualité médiocre. Il se porta aquéreur de l’orgue de salon , construit par le facteur Victor Gonzales, dernier élève de Cavaillé Coll. Cet orgue avait été conçu dans les années 1952-1953 pour l’hôtel particulier de la comtesse Marie-Blanche de Polignac. Au décès de cette demière, son
neveu céda l’instrument aux établissements Gonzales qui le vendirent à la paroisse de La Châtre. Il fut tout d’abord installé dans la nef de l’église puis à la tribune, où l’on peut le voir aujourd’hui.
Dans les années qui suivirent son installation, il fut l’objet de petit travaux d’entretien avant le grand chantier entrepris à l’initiative du Père Foudrat soutenu par l’association des Amis de l’orgue créée en 1993, présidée par Francis Bouchard. Les travaux qui consistaient au relevage, à l’agrandissement de la boîte expressive, à la transformation et à l’ajout de tuyaux, au déplacement du sommier de pédale et au remplacement du ventilateur seront confiés au facteur d’orgue Jean-Pascal Villard.
Un buffet utile pour la résonance de l’instrument sera construit par les élèves menuisiers et ébénistes du lycée polyvalent George Sand sous la conduite de leurs professeurs M. Després et M. Tissier.
Les aléas du temps et le nettoyage de l’église contribuèrent à le rendre
non jouable.
En 2008, une convention concernant les modalités d’utilisation de I’orgue fut signée entre la ville de La Châtre « propriétaire de l’orgue », la paroisse « affectataire de l’orgue » et Sébastion Gion « organiste et conservateur de l’orgue ».
L’orgue actuel et ses possibilités musicales
L’orgue de l’église Saint-Germain de La Châtre est de dimension moyenne. Il comprend 16 jeux composés chacun d’une série de 56 tuyaux, soit au total environ 900 tuyaux. Pour donner un ordre de grandeur, un orgue très élaboré peut compter plus de 10 000 tuyaux ! Chaque jeu (ou registre) présente des caractéristiques sonores bien déterminées et l’ensemble des jeux d’un orgue donne son étendue musicale.
Pour mieux apprécier ses possibilités musicales, un détour par une description de l’instrument peut être utile car beaucoup de ceux et celles qui l’ont entendu jouer en concert ou pendant les offices n’en perçoivent que la face visible – la console où se tient l’organiste et un ensemble de tuyaux entourés d’une ornementation en bois – sans en soupçonner sa face cachée et son mode de fonctionnement.
L’instrument
Instrument à vent très complexe, l’orgue a pour caractéristiques principales d’avoir une tessiture très étendue –la plus large de tous les instruments de musique- et de se jouer à la fois avec les mains et les pieds.
Il comprend plusieurs éléments étroitement dépendants les uns des autres : la console où se trouve les claviers et toutes les commandes, la soufflerie qui produit le vent nécessaire, le sommier qui permet l’accès du vent aux tuyaux, la tuyauterie qui constitue le matériel sonore.
Arrêtons nous sur quelques uns de ces éléments.
La console
C’est le cerveau de l’orgue. Elle réunit toutes les commandes des claviers et des jeux de tuyaux. En général, elle fait face à l’instrument et l’organiste tourne le dos à l’assemblée. Á La Châtre, la console est « inversée » de sorte que l’organiste peut voir la nef et le chœur. Cette disposition engendre une mécanique plus complexe car elle multiplie les ramifications de la transmission vers le sommier.
La console possède deux claviers – le Grand orgue et le Récit- et un pédalier. De chaque côté des claviers, sont disposées des tirettes sur lesquelles les noms des registres sont inscrits. Sur chacune d’entre elles figure le nom du registre associé. On y trouve également des cuillères (actionnées par les pieds) qui permettent des combinaisons entre les jeux des claviers et du pédalier.
Les cuillères qui permettent au pédalier de jouer avec les jeux des claviers sont appelées tirasses. Tandis que la cuillère qui permet de faire sonner tous les jeux de l’orgue sur un seul clavier est nommée accouplement.
Ainsi, il est facile de démultiplier la puissance de l’orgue en regroupant sur un seul clavier tous les tuyaux qu’il possède. Á La Châtre, si on accouple le Récit sur le Grand orgue, on peut faire sonner jusqu’à 15 tuyaux en même temps pour une seule note.
La console possède également une boîte d’expression. Il faut savoir que l’orgue est un instrument inexpressif du fait de la nature de l’émission du son, qui demeure uniforme. Appuyer plus ou moins fort sur une touche n’aura aucun effet à l’instar d’une corde de piano qui reçoit l’énergie que le pianiste transmet par le clavier. La boite d’expression est un mécanisme de volets pivotants capables d’enfermer certains tuyaux. Ainsi, si les volets sont fermés, l’intensité du son s’en trouvera amoindrie. De plus, en ouvrant la boite progressivement, il est possible de donner l’illusion d’un crescendo musical.
Les tuyaux et le sommier
Les tuyaux visibles à partir de la nef de l’église ne constituent qu’une infime partie de l’ensemble de la tuyauterie. Á La Châtre, nous avons la chance de pouvoir facilement pénétrer dans les entrailles de l’instrument. Ainsi, il est aisé de voir la quasi-totalité des tuyaux, la soufflerie électrique ainsi que le « réseau » impressionnant de la transmission mécanique des claviers vers les séries de tuyaux (vergettes et abrégés).
Les 900 tuyaux de l’orgue de La Châtre sont rassemblés par groupes de 56 qui correspondent aux 56 touches du clavier, chaque groupe formant un jeu.
Ils présentent une grande variété de forme, de taille, de matière. Majoritairement de forme cylindrique, ils peuvent aussi être de section carré. Ils peuvent être également ouverts ou fermés. On peut aussi distinguer ceux à embouchure (flûte, bourdon, montre) et ceux à anches (hautbois). Ils peuvent être en bois mais également en métal résultant d’un alliage entre de l’étain et du plomb. L’étain est un métal dur qui donnera de la clarté au son alors que le plomb, plus mou, lui confèrera plus de chaleur et de rondeur. Leur taille varie également : les nombres (16, 8, 4 et 2) écrits à côté du nom des registres indiquent, en pied, la longueur du tuyau de la note la plus grave du clavier. Ainsi, un tuyau de 8 pieds aura une longueur d’environ 2,40 m. Les tuyaux les plus aigus ont une taille comparable à de simples stylos.
L’accord des tuyaux est appelé harmonisation. Ce travail consiste à déterminer avec précision la longueur de chaque tuyau, son diamètre ainsi que sa forme définitive. Il est achevé sur les lieux où l’orgue sera construit car l’acoustique des lieux joue également une grande importance.
Les tuyaux sont fixés sur une caisse en bois appelée sommier. Chaque tuyau est relié à une canalisation d’air obturée par une soupape en cuir fixée sur une plaque de bois.
Lorsque l’organiste appuie sur une touche la soupape correspondante bascule comme une trappe permettant à l’air de s’engouffrer dans le tuyau pour jouer la note.
Les soupapes peuvent être reliées directement aux touches par de fines tiges en bois. Dans ce cas, il s’agira d’une transmission mécanique. Ce qui peut alourdir considérablement le toucher du clavier lorsque plusieurs jeux seront sollicités en même temps, afin d’obtenir plus de puissance sonore. C’est pourquoi, on a imaginé sur certains orgues une transmission électrique, plus légère sous les doigts. Les soupapes sont actionnées à l’aide d’électroaimants rendant ainsi le touché beaucoup plus confortable, surtout sur les instruments très importants.
Le répertoire musical
Avec les jeux dont il dispose, l’orgue de l’église Saint-Germain permet de jouer la musique de bon nombre de compositeurs.
Il comprend les jeux suivants :
Au Grand orgue | Au Récit | Au Pédalier |
Plein jeux (3 rangs), | Hautbois 8 | Bourdon 16 |
Doublette 2 | Dulciane 8 | Montre 8 |
Bourdon 16 | Flûte 8 | Prestant 4. |
Montre 8, | Flûte 4 | |
Bourdon 8, | Tierce | |
Prestant 4. | Doublette 2 | |
Nazard. |
Cet ensemble de jeux est parfaitement adapté pour la musique de Bach ou de Buxtehude. Il est également possible de jouer des répertoires plus récents (Widor, Franck, Vierne), voire de musique contemporaine (Messiaen, Alain) en adaptant certaines combinaisons de jeux. En revanche, il est plus difficile de jouer le répertoire baroque « classique français » (Couperin, De Grigny, Marchand ou Clérambaut) car l’orgue ne dispose que d’un seul jeu d’anche, le hautbois, et n’a pas de jeux de cromorne, de voix humaine, de clairon ou de régale qui constituent les sonorités emblématiques de ce répertoire.
Sébastien Gion
Organiste titulaire de l’église Saint-Germain de La Châtre.
Organiste titulaire de la cathédrale Sainte Cécile d’Albi.
Organiste titulaire de la cathédrale Notre-Dame de Dax.
Photo : Trio Aquilon
Organiste et Claveciniste
Organiste titulaire de l’église Notre-Dame de Châteauroux et de la collégiale Saint Sylvain de Levroux
L’orgue de Le Roy
La présence d’un orgue dans la collégiale Saint-Germain de La Châtre remonte à 1476. Dans un registre d’actes notariés du chapitre passés devant le notaire royal Boulery, il est fait mention d’une transaction entre « le nommé Le Roy organiste et les sieurs vénérables du chapitre » pour la confection d’un orgue sur le modèle de celui de la Sainte-Chapelle (aujourd’hui disparue) du palais du duc Jean de Berry à Bourges. Pour réaliser l’ouvrage, le chapitre octroie à Jehan Le Roy trois cent dix livres, trois setiers de froment, trois setiers de seigle et deux pipes de vin et, pendant toute la durée des travaux, « un logis bon et convenable ». L’orgue aura bien le même nombre de tuyaux que celui de Bourges mais un seul clavier au lieu de deux, celui-ci devant servir « autant que servent les deux claviers desd.orgues du palays ».
L’orgue de Gabriel Langlois
Il faut ensuite attendre le début du XVIIIe siècle pour trouver de nouvelles indications concernant la construction d’un nouvel orgue. Le 23 mai 1719 est passé un marché entre le chapitre et Gabriel Langlois, facteur d’orgue domicilié à Bourges, pour la construction d’un instrument dont le modèle est, cette fois, l’orgue de l’église Notre-Dame-de-Salles de Bourges. Le devis, très détaillé, renseigne sur les possibilités de l’instrument qui comprend « quatorze jeux répartis sur une clavier manuel de quarante huit touches et un pédalier de vingt quatre marches (sans premier ut #) parlant par tirasses et disposant d’un tremblant doux et d’un tremblant à vent perdu ». Le chapitre alloue pour la construction de l’orgue une somme de 1300 livres, provenant de dons et notamment de ceux faits par Jean Baptiste Boucheron, conseiller du roi, qui dans ses dispositions testamentaires donne au chapitre la somme de 300 livres « pour estres employée en ornements ou en partie du rétablissement des orgues du dit chapitre ». L’orgue, prévu pour être monté dans la tribune une fois celle-ci réparée, a finalement été installé entre le chœur, réservé au chapitre, et la nef où se trouvait l’autel paroissial. C’est ce que nous apprend la transaction du 27 mars 1724 qui mit fin au procès opposant le chapitre à la ville de La Châtre et à ses habitants et qui concernait, entre autres choses, l’usage de l’orgue. Propriété du chapitre, l’orgue était à l’usage exclusif des chanoines ; après le procès il put être utilisé, moyennant une somme de dix livres par an à payer sur les fonds de la Fabrique, lors des cérémonies se déroulant à l’autel paroissial, mais seulement pour les vêpres et complies.
Entre la mise en place de l’orgue et la Révolution, plusieurs organistes se succédèrent. Le premier fut André Archambault que le chapitre remercia dès 1720, ses absences sans permission étant trop fréquentes. Hyacinthe Thierry le remplaça et resta titulaire de l’orgue jusqu’à sa mort en 1762. Pierre Dangé fit un bref passage puisqu’en 1766 l’organiste est Jean Thomin « clerc tonsuré » dont le bail fut transformé en bail à vie en 1775.
Sans doute « silencieux » pendant la période troublée de la Révolution, l’orgue n’est remis en marche en 1802 lors du rétablissement du culte, la fabrique ne pouvant pas financer les réparations nécessaires. Ce n’est que le 14 mai 1810 que le conseil de fabrique passe un marché avec le facteur Pierre Lefebvre pour le remplacement d’une partie de la tuyauterie et la remise en état de la soufflerie, pour une somme de 900 livres. Les informations sont ensuite très parcellaires sur le devenir de cet orgue jusqu’à la fin du XIXe siècle.
Nous savons toutefois que vers 1815, le musicien titulaire de l’orgue est un certain Gayat. Il nous est connu car il fut aussi le professeur de musique de George Sand. Dans « Histoire de ma vie », elle dresse de lui un portrait proche de la caricature : « Il savait la musique certainement, mais il ne la sentait nullement, et il mettait peu de conscience à me le montrer […] Il avait la figure et la tournure ridicules. Il portait toujours la queue ficelée, les ailes de pigeon et les grands habits carrés de l’Ancien Régime, quoiqu’il n’eut guère qu’une cinquantaine d’années […] Il arrivait le dimanche à midi, se faisait servir un copieux déjeuner, remontait l’accord du piano et du clavecin, me donnait une leçon de deux heures, puis allait batifoler avec les servantes jusqu’au dîner […]Il m’apportait de la musique facile, bête, soi-disant brillante […]Il frappait fort et jouait carrément, sans nuances, sans couleur et sans cœur. C’était exact, correct, bruyant, sans charme et sans élévation. Je le sentais et je haïssais sa manière. Avec cela il avait de grosses pattes laides, velues, grasses et sales qui me répugnaient, et une odeur de poudre mêlée à une odeur de crasse qui me faisait paraître ma leçon insupportable ».
Emmanuel Navarre dans la description qu’il fait de l’église Saint-Germain en 1895 mentionne le déplacement de l’orgue, de la chapelle Saint-Martin à la tribune : « la tribune qui est au dessus des grandes portes date de 1831. Plus tard on y installa les orgues qui étaient alors dans la chapelle Saint-Martin et sur lesquelles on lit ces mots ‘Cet orgue a été fait en 1719 à la diligence de M. Antoine Deligny, prieur du chapitre’ ; au-dessous de l’inscription sont les armes de l’archevêché ».
Les orgues de Jules Bruneau
Il semble donc bien que ce soit toujours l’orgue du XVIIIe siècle qui en 1896 fait l’objet d’une importante restauration par le facteur d’orgue Jules Bruneau de Bourges pour la somme de 4200 francs. La fabrique s’engage à donner 3000 francs sur le legs de Mlle Durieux, les 1200 francs restant étant à la charge de M. Lamoureux, curé de la paroisse. L’inauguration de l’orgue aura lieu en grande pompe le 26 avril 1896. Les paroissiens de La Châtre profiteront peu de temps de cet instrument rénové puisque le 8 décembre 1896, le nouveau clocher, terminé le 3 décembre, s’effondre, entrainant dans sa chute les cloches et les orgues, une partie de la nef et de la cure.
Dès 1899, on entreprend la reconstruction de l’église qui fut complétement terminée en 1904. Mais c’est seulement en 1911 que de nouvelles orgues prirent place dans la tribune. Pendant un temps on se contenta sans doute, pour les offices, du petit orgue laissé par les dominicaines après leur départ en 1905. Sur ces orgues construites aussi par le facteur Bruneau, on sait peu de choses, si ce n’est que, devant la difficulté de trouver des souffleurs, l’archiprêtre Aubailly fit installer une soufflerie électrique en 1931 par la maison Michel-Merklin et Kuhn de Lyon pour la somme de 3703 francs et qu’en 1959 une proposition de relevage est faite à l’archiprêtre Forest pour cet orgue de 7 jeux sur un clavier transpositeur de 56 notes et un pédalier de 18 notes. C’est la maison Jacquot-Lavergne de Rambervilliers qui se charge des travaux pour la somme de 78000 francs.
Pendant cette période le grand orgue de la tribune ne devait être joué que pour les grandes messes dominicales et les cérémonies importantes. Un petit orgue de 4 jeux, acquis en 1921 grâce à un généreux donateur et provenant de la maison Debierre de Nantes, assurait les autres cérémonies. Il est toujours en place, avec son élégant buffet, dans le bras du transept sud.
L’orgue de Victor Gonzales
En 1965, l’orgue Bruneau fut remplacé par l’actuel instrument, acquis par le chanoine Raflin, grâce au bénéfice de la vente d’un terrain situé « aux Oiseaux ». Il a été acheté pour la somme de 34500 francs à M. Danion, directeur des établissements Gonzalez. Cet orgue avait été construit dans les années 1952-1953 par le facteur Victor Gonzalez pour l’hôtel particulier de la comtesse Marie-Blanche de Polignac (1897-1958), rue Barbet-de-Jouy. Fille unique de la créatrice de mode Jeanne Lanvin et du comte Emilio di Pietri, elle avait épousé en secondes noces le comte Jean de Polignac. En 1943, elle avait hérité de sa tante par alliance la princesse Edmond de Polignac née Winaretta Singer (1865-1943), un orgue de salon Cavaillé-Coll construit en 1892 qu’elle ne pût pas, faute d’espace suffisant, installer dans son hôtel particulier. Elle s’adressa alors au facteur le plus réputé sur la place de Paris, Victor Gonzalez pour qu’il construise un orgue permettant de jouer à la fois le répertoire contemporain et Jean-Sébastien Bach. La comtesse était, comme sa tante, mécène et musicienne : elle possédait, dit-on, une très belle voix. Elle tint à partir des années 30 un salon prestigieux où le tout Paris artistique de l’époque se retrouvait. Elle y reçut de nombreux compositeurs et interprètes parmi lesquels Auric, Poulenc, Sauget, Stravinsky, Roussel, Rubinstein. Nadia Boulanger, compositrice, organiste et pianiste virtuose était une de ses grandes amies et participa à la composition de l’orgue, maintenant castrais, installé dans la « chambre aérienne » de la comtesse située au dernier étage de son hôtel aujourd’hui disparu. Á sa mort, son neveu et héritier, le prince Louis de Polignac, céda l’orgue aux établissements Gonzalez qui le vendirent à la paroisse de La Châtre.
Venant directement de l’hôtel de la rue Barbet-de-Jouy, l’orgue fut remonté tel quel à la tribune de l’église Saint-Germain. L’église de La Châtre peut s’enorgueillir de posséder un orgue d’un facteur aussi réputé. Victor Gonzales avait été un des derniers élèves d’Aristide Cavaillé-Coll avant de fonder sa maison en 1922. Avec l’organiste André Marchal et le musicologue Norbert Dufourcq, il mena des recherches pour créer un orgue permettant le plus harmonieusement possible de jouer les répertoires de toutes les époques. On lui doit les orgues de l’église Notre-Dame-des-Champs à Paris, de la basilique Sainte-Thérèse à Lisieux, de l’église Notre-Dame de Reims et la restauration des orgues de Versailles et de Saint-Eustache à Paris. L’orgue de la comtesse de Polignac est un de ses derniers ouvrages.
Dans les années qui suivirent son installation, l’orgue a été l’objet de petits travaux d’entretien en attendant le grand chantier, lancé à l’initiative du Père Foudrat et soutenu par l’association des Amis de l’orgue créée à cette occasion et présidée par Francis Bouchard. En 1993, le Père Foudrat fit appel au facteur d’orgue Jean-Pascal Villard qui entrepris d’importants travaux : relevage, agrandissement de la boîte expressive, transformation et ajouts de tuyaux, déplacement du sommier de pédale, remplacement du ventilateur. Ces travaux accrurent notablement les possibilités de l’instrument. Un buffet, tant décoratif qu’utile pour la résonnance de l’instrument, fut construit par les élèves menuisiers et ébénistes du lycée George-Sand sous la direction de leurs professeurs MM. Desprès et Tissier.
Tout a été remarquable dans ce travail, depuis la science de l’organier jusqu’au savoir-faire des élèves et de leurs professeurs. Il reste maintenant à inscrire ce chef d’œuvre, dont Sébastien Gion est le titulaire, dans la vie musicale de l’Indre.
Gérard Guillaume